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Les Affres de l'Amour - Blog de Françoise Seylac - Blog d'Auteur

Album Photo Erotique : Paris Libertin by Ressan, Interview, Reportage

20 Mai 2016 , Rédigé par Françoise Seylac Publié dans #album, #littérature érotique, #photo, #érotisme, #interview, #reportage, #photographe, #ressan, #libertin, #libertinage

Interview de Ressan, reporter de l'intime.

Ressan est photographe. C’est un artiste qui a su capter l’instant érotique dans sa plus noble expression. En effet, sous son objectif, le sexe libertin nous est livré sans tabou dans un sublime album de 240 pages en format 30x30cm. Voir l'Album

Le trouble qu’il provoque au fil des pages, nous plonge dans un univers où le sexe le plus débridé se métamorphose en œuvre d’art.

Essayons d’en savoir un peu plus sur cette expérience singulière d’un photographe.                 

Voici une interview de 20 questions agrémentées de 20 photos extraites de son album « Paris Libertin by Ressan ».     

 

Françoise Seylac :Comment avez-vous eu l’idée d’aborder avec votre objectif, cet univers particulier d’un certain libertinage parisien ?

Voir Photo N°1

Ressan : Cela fait des années que je travaille dans le milieu libertin en tant que photographe. Cela me semblait logique de faire un livre sur ce sujet, d’autant plus que le libertinage est finalement rarement abordé sous l’angle photographique, cela vient du fait que c’est un milieu assez discret.  L’être humain m’intéresse et cette idée de reportage c’est naturellement imposée à moi. Il y a vingt ans, ce genre de projet aurait été impossible car l’image n’avait pas la même importance qu’aujourd’hui  dans notre société. De nos jours, les gens se sont familiarisés à l’image qui est devenue omniprésente dans notre quotidien. Les gens aiment être pris en photo, surtout quand l’anonymat est préservé, ce qui est le cas dans mon album ou aucun visage n’apparaît.

 

Quel type de libertinage montrez-vous dans votre album ?

Voir Photo N°2

C’est un libertinage parisien. Toutes mes photos sont faites à Paris ; ce qui m’a inspiré le titre de l’album « Paris Libertin by Ressan » . Il s’agit de gens qui se situent dans un environnement bourgeois. Ça se passe dans des appartements cossus, un bel environnement qui met forcément en valeur les acteurs de ce libertinage.  Ce sont des « vrais gens » qui sont d’une catégorie socio-professionnelle assez élevée pour certains. Ce que j’ai pu remarquer, c’est leur décontraction. Quand ils « coquinent »,   ils sont d’un naturel enjoué, décomplexé, léger, et très respectueux. C’est avec une immense bien bienveillance qu’ils m’ont laissé travailler en toute liberté.

 

Avez-vous ressenti des émotions ? des troubles ? à capter ces images par l’œil voyeur de votre objectif ?

Voir Photo N°3

Quand je réalise ce type de reportages, je garde toujours une certaine distance. Je suis très concentré. Ce que je vois, c’est avec l’œil du photographe. Je suis confronté comme n’importe quel sujet à des difficultés techniques du fait que j’ai très souvent à faire à des lumières extrêmement faibles pour ne pas dire parfois quasi inexistantes. Quand je prends des photos, et peu importe le sujet, je m’extrais de la situation et je peux penser à des choses très différentes de ce qui se passe en face de moi, j’ai besoin de ce recul pour ne pas me laisser envahir par la situation. C’est un regard distancier qui m’est indispensable pour travailler. Le photographe doit toujours garder en vue, la qualité des images et cela est valable pour n’importe quel type de reportage photo. Ce qui me vient à l’esprit, c’est un film réalisé par Raymond  Depardon « Les Habitants ». Dans ce document, dans sa manière de procéder, il respecte les gens qu’il filme. Il aime les gens, ça se voit dans ses films. Derrière sa caméra, il sait rester discret, intervient très peu. Aussi, quand je fais mes reportages, c’est dans ce même état d’esprit et d’exigence que je travaille.  

 

Comment avez-vous pu pénétrer le milieu select de ce libertinage ? et gagner la confiance des personnes prises sous votre objectif ?

Voir Photo N°4

Il y a trois ans, quand j’ai commencé à travailler avec les gens pour mieux les connaître, cela a été très facile. En effet, les libertins ont un relationnel épatant.  Le fait de m’être fait connaître par certains d’entre eux et d’avoir pu établir une relation de confiance, a amené, si je puis dire, de l’eau à mon moulin. Ce sont les gens qui prenaient directement contact avec moi, pour des séances photos. En fait, ça a facilité mon travail. Je n’avais pas besoin de chercher des libertins pour faire des photos. D’autre part, ce qui a d’autant plus facilité la demande de ces gens pour être pris en photo dans leur intimité, c’est qu’ils ont particulièrement apprécié ma discrétion et mon soucis permanent de préserver l’anonymat en ne prenant jamais de visages.

 

Combien de temps avez-vous mis pour faire cet album ?

Voir Photo N°5

Il m’a fallu trois  ans de travail pour réaliser cet album. Je tiens à préciser que je traite les images sans retouches. C’est à dire, uniquement pour le contraste, la lumière. Ce que j’entends par retouche, c’est, gommer des défauts en retravaillant les images sur ordinateur.

 

Combien de clichés avez-vous dû réaliser pour cet album ?

Voir Photo N°6

J’ai fait 25000 images.

 

L’univers BDSM fait de codes et d’esthétisme, se prête-t-il particulièrement bien à la photographie ?   

Voir Photo N°7

C’est un milieu qui est évidemment des plus photogénique. C’est très théâtral, voir scénique. L’image est forte car ces gens subliment leur sexualité en ayant une recherche permanente d’esthétisme et de mise en scène. Ils veulent donner un sens théâtral à leurs fantasmes en enrichissant leur cérébralité par des images fortes en symboles. Ce sont des fétichistes, ils accessoirisent le sexe. Cet univers se prête merveilleusement bien à la photo.  Helmut Newton a été le premier dans les années 70 à avoir donné toutes ses lettres de noblesses à ce mode de pratiques.

 

Comment peut-on extraire d’un acte ou d’une pratique sexuelle, la beauté et la poésie ?

Voir Photo N°8

Justement, c’est tout l’enjeu du truc, surtout pour un photographe. Pour moi, il était essentiel et primordial que ça soit esthétique. Dans mes images, on voit qu’il y a des moments de tension érotique et jamais de pénétration. C’est un choix que j’ai fait dès le début. Je voulais photographier de l’érotisme et non du pornographique.  J’ai volontairement assombrit le sexe de certains de mes clichés (en parlant de retouches, se sont les seules que je me suis accordées) . J’ai constamment recherché à effacer ce côté vulgaire, tout du moins trop cru, trop brutal.  Je ne voulais pas faire un album porno. J’ai demandé l’avis, notamment des femmes, de personnes qui se situaient totalement en dehors du milieu libertin, pour avoir un regard extérieur, pour être plus critique.  

 

Celui ou celle qui parcourt cet album se retrouve en position de voyeur, cela peut être excitant. N’y a t-il pas au fond de vous un côté coquin à créer de l’émotion par le truchement de votre appareil photo ?

Voir Photo N°9

Sur beaucoup de mes clichés, j’ai volontairement utilisé l’angle du voyeur pour capter mes sujets. Je tenais à ce que le lecteur se positionne en voyeur en regardant ces photos. L’idée est de créer une tension érotique et non une succession d’images esthétiques sans émotion.  Pour y parvenir, je me suis placé parfois derrière un mur, recherchant des angles particuliers, caché derrière mon objectif.  J’aime l’idée de regarder par le trou de la serrure.

 

Comment procédiez-vous pour vos séances photos ?

Voir Photo N°10

D’abord, c’était très important que je connaisse les gens. Dans un premier temps, nous discutions. Nous échangions parfois sur des sujets très divers. Un lien se créait. Une complicité s’instaurait. Comme on dit, c’est une question de « feeling ».  J’avais besoin de me sentir bien avec eux pour pouvoir entrevoir leur intimité. Et puis, arrivait l’instant magique où ils venaient à se livrer sans pudeur et en confiance à cet homme posé en retrait, le photographe. Je pense que ce besoin qu’était le mien, était fortement partagé par les couples photographiés. Ils devaient sentir du respect en celui qui allait s’introduire dans leur intimité.

 

L’objectif exacerbait-il le côté exhibitionniste de vos sujets ? ou finissaient-ils par oublier votre objectif ?

Voir Photo N°11

Par moment, ma présence est intéressante pour eux en terme d’excitation. Il y a ce côté « exib » de leur part. Ils s’offrent d’autant plus que ça reste anonyme et qu’ils se sentent en confiance. Le fait d’être potentiellement regardé par des milliers de lecteurs, décuple encore plus leur plaisir à se montrer et exacerbe leur excitation. Pour certains d’entre eux, c’est une transgression par rapport à leur profession, leur statut social.  La présence de l’appareil photo est une source supplémentaire d’excitation, ça les stimule et ça leur permet de se libérer, de se livrer, cela crée un moment fort et intime.

 

Avez-vous, tel un anthropologue, appris des choses sur la sexualité de l’être humain ?

Voir Photo N°12

En ce qui me concerne, je ne pense pas avoir appris grand-chose. Chacun a sa propre sexualité et l’exprime différemment. J’ai pu photographier des hommes bisexuels  (c’est moins connu que les femmes), des hommes soumis (c’est plus rare) ; et je pense que justement, cet album peut permettre au lecteur de découvrir un univers de la sexualité peu connu du grand public, loin des clichés classiques que l’on voit dans les films X.  Je pense que cet album est un témoignage rare de l’intimité des gens photographiés et ceci indifféremment de leur préférence sexuelle.  Ce sont des images de liberté et d’audace. Tout du moins, c’est ce que j’ai essayé d’apporter par mon travail de reporter photographe.

 

Etes-vous libertin ? Et si vous ne l’êtes pas, seriez-vous tenté par le libertinage ?

Voir Photo N°13

Non je ne suis pas libertin et je n’ai jamais été tenté par cela. Je pense même que c’est ce qui m’a permis de faire ce travail avec un regard tantôt concentré, tantôt amusé, mais surtout respectueux.

 

Pour être un bon photographe, doit-on être voyeur ?

Voir Photo N°14

Il faut l’être un peu, quelque soit le sujet. Dès que l’on photographie l’être humain, il faut avoir une dose de voyeurisme. Sebastião Salgado qui  passe sa vie à photographier les gens à travers la planète, ne pourrait pas nous offrir des images aussi fortes s‘il n’y avait pas chez lui une dimension raisonnable de voyeurisme.

 

Ne seriez-vous pas tenté de plonger dans l’univers des Clubs Libertins ? Un libertinage différent de celui de votre album. Et cela pourrait-il faire l’objet d’un nouvel album ?

Voir Photo N°15

Non ça serait beaucoup trop compliqué ; déjà en ce qui concerne le droit à l’image, les autorisations, la vie privée des gens etc … Autant c’est facile à réaliser dans des soirées privées, comme j’ai pu le faire.

 

Le libertinage, au-delà de la sexualité, est un mode de vie, une philosophie. Qu’avez-vous retenu de cet esprit libertin ?

Voir Photo N°16

Ce qu’on peut retenir, ce sont des gens cool, qui ne se prennent pas le chou. Ils sont parfaitement détendus. Je pense que le libertinage est un équilibre essentiel à leur vie ; comme d’autres trouvent leur équilibre à faire de l’escalade ou du vélo. Et justement, ce sont des gens très équilibrés.

 

Appréciez-vous la littérature érotique ? Si oui, quels sont vos ouvrages de référence ?

Voir Photo N°17

Je ne suis pas fan de ce genre de littérature. Je lis des ouvrages très différents. Cependant, étant curieux de nature, des fois je peux me laisser emporter au hasard des pages d’Internet, et tomber, sur votre blog avec ses textes érotiques, par exemple.

 

Quelle expérience tirez-vous de la création d’un tel album ?

Voir Photo N°18

Je me suis rendu compte que ce livre répondait à une vraie attente du monde libertin. Ces gens étaient vraiment enchantés qu’on parle d’eux de cette façon là, au travers de la photo.  Je suis agréablement surpris par cet accueil bienveillant et ça me touche beaucoup.

 

Avez-vous une anecdote croustillante à nous raconter ?

Voir Photo N°19

J’en ai beaucoup. Ce qui est très marrant, c’est que pour les gens extérieurs, ils s’imaginent que les échangistes se sautent dessus comme des sauvages et passent leur temps à baiser. Beaucoup seraient surpris de voir que dans une soirée, il se passe plein de choses qui sont parfois déconnectées de la situation.

J’ai en mémoire l’image d’une soirée que je couvrais dans le centre de Paris. Dans cette même image, j’avais trois situations différentes :

Dans le premier plan, j’avais un couple assis à une table qui s’embrassait comme n’importe quel couple que l’on pourrait observer à la terrasse d’un café, dans le second plan j’avais deux femmes très légèrement habillées qui manifestement se racontaient leur vie, au fond j’avais un couple nu qui faisait l’amour sur une banquette. Aucune de ses personnes ne faisait attention à l’autre, un peu comme si on avait superposé trois situations sur une même image. Je n’ai pas pu utiliser cette série pour mon livre car malheureusement on y voyait le visage de l’une d’entre elles.

 

      0ù peut-on se procurer votre album ?

      Voir Photo N°20

      Sur mon site  www.ressan.fr

 

      Merci beaucoup Ressan pour cette belle interview.

 

                                                                        Commentaire et contact en bas de page

Album Photo Erotique : Paris Libertin by Ressan, Interview, Reportage
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